La colère des habitants du village

27 Décembre 2022

La salle communale de la petite Mairie-déléguée de Cahaignes était comble en ce début de soirée du mardi 7 juin 2022, à l’appel de la vingtaine d’habitants qui s’étaient réunis spontanément, trois jours plus tôt sur la place du village, pour échanger sur la nouvelle qui leur était parvenue de l’ouverture d’une enquête publique en vue de la création d’une carrière d’argile presqu’au cœur de leur village.

La sidération a vite fait place à la colère. Colère contre la société porteuse de ce projet délirant – 24 hectares de terre agricole, une hauteur de fouille de 29 mètres, soit un trou gigantesque au bout de nos jardins – colère contre l’État, dont les administrations avaient, semblait-il, donné des avis favorables, colère contre l’agriculteur du village qui avait offert les clés de son champ contre un plat de lentilles, colère enfin contre nos élus, qui avaient été informés du projet et n’avaient rien trouvé à redire…

Crainte du bruit, de la poussière, des vibrations, des mouvements de terrain. Risques d’accident dus au passage des camions le long d’une aire de jeux. Dévalorisation des habitations. Atteinte insupportable aux paysages et menace pour le cheminement des circuits d’eau naturels et pour la biodiversité avec la perturbation de deux zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique, la destruction de zones humides et de bois. L’adjoint à l’urbanisme que le Maire avait dépêché pour répondre aux questions qui fusaient tenta de calmer les esprits en expliquant que l’enquête publique permettrait à chacun d’exprimer son inquiétude.

Une pétition à l’attention du Maire, lui demandant de mettre le sujet de la carrière à l’ordre du jour du prochain Conseil Municipal, fut rapidement signée par une large centaine d’habitants présents. Quelques jours plus tard, une deuxième pétition, cette fois à l’attention des pouvoirs publics et des élus eurois et normands, était lancée, qui allait recueillir la signature de 203 habitants du village, représentant 90% de ses foyers.

La mobilisation était lancée !